À vos dos!

J'ai été habitué, il y a bien longtemps, à des reprises au cours desquelles l'instructeur nous avertissait d'un nouvel exercice par un «À vos rênes!» plus ou moins tonitruant, qui réveillait efficacement tout cavalier rêvassant et en général laissait de marbre les chevaux…

Bien sûr, il est essentiel d'ajuster correctement ses rênes avant toute nouvelle demande que nous faisons au cheval. Mais cela ne doit en aucun cas être limité à la main, et on peut se demander pourquoi on ne dirait pas plutôt «À vos éperons!», ou quelque autre formule plus complète. D'ailleurs il faut remarquer que cette énergique exhortation a souvent un effet qui va bien au-delà de l'ajustement adéquat des «aides supérieures», provoquant une action de ces aides qui, même si le cavalier n'en est pas conscient, est perçue par le cheval et introduit de ce fait de la confusion dans son esprit ; il ne faut jamais oublier que le cheval sent toutes les actions et cherche à les interpréter, à moins que comme fréquemment le cheval d'école il n'ait fini par renoncer à saisir ce qu'on lui veut et simule l'abrutissement.

Existe-t-il une «bonne» manière de prendre contact avec son cheval, soit en début de travail, soit après un instant de détente? Je crois que oui, et c'est avec le dos, l'assiette, qu'il convient de le faire. Prendre contact en commençant par les rênes ou les jambes, c'est automatiquement créer, même de manière imperceptible, même de manière indolore pour le cheval, des contractions qui auront une influence négative sur le début du travail et devront (en principe) être corrigées avant tout travail sérieux. Mieux vaut évidemment éviter de se handicaper d'entrée de jeu.

Prendre contact avec le dos ou l'assiette, cela consiste dans un premier temps à se lier le plus possible à la selle avec des jambes bien relaxées et une ceinture décontractée, puis une fois que cette décontraction est présente, à mettre en place nos aides qui, il faut le rappeler, COMMENCENT TOUTES À LA CEINTURE.

Oui, se lier d'abord au cheval, c'est souvent un préalable quand on n'a pas eu le temps de faire une série d'assouplissements avant de venir monter, qu'on a passé du temps assis derrière un bureau ou un volant, ou que tout simplement (comme votre serviteur) on a un âge où la souplesse naturelle qui comblait votre lointaine jeunesse a définitivement tiré sa révérence. Se mettre bien avec son cheval est une opération qui reste cependant facile à condition d'y consacrer, selon la gravité du mal, de deux à cinq minutes. On peut la considérer comme terminée non seulement si le cavalier se sent bien en selle mais si de plus il sent la décontraction de son cheval (regarder les oreilles, écouter la respiration et la cadence du pas).

L'étape suivante est moins banale: il s'agit de la mise en place des aides proprement dite. Nous devons dans cette phase nous assurer de leur efficacité.

Pour les aides d'impulsion, cela signifie que le cheval doit être en avant de notre assiette. Il faut sentir qu'il répondra aux sollicitations de notre dos; si ce n'est pas le cas, les cuisses puis éventuellement les mollets et en dernier ressort les talons le rappellent à l'ordre jusqu'au moment où la réponse aux ordres du dos sera immédiate.

Pour les aides dites supérieures, le simple ajustement des rênes suffit dès lors que la décontraction du dos est réelle; mais la prise de contact avec la bouche doit évidemment être délicate et ne pas se transformer en prise de possession. La main fait des demandes au cheval via sa bouche, elle ne doit pas formuler de diktats!

Ceci étant acquis, peut commencer le travail proprement dit.

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Auteur: Jean Magnan de Bornier

Created: 2018-09-02 dim. 07:12

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